Ce soir, Johnny Hallyday est au stade de la Beaujoire, à Nantes, dans le cadre de sa... 181e tournée. Après 44 albums, 1 000 chansons et la maladie qui a failli le terrasser, vaut-il encore le coup d'aller le voir sur scène ?
Pour Christian et son neveu David, de Loire-Atlantique, qui n'ont jamais loupé une tournée, c'est une évidence. Ils ne viendront pourtant pas à la Beaujoire. Ils étaient déjà le 15 juin à Paris, pour fêter au rocker ses 69 ans, lors du premier concert au Stade de France.
« Nos parents étaient ouvriers, et lui, il nous faisait rêver. Il nous parlait des États-Unis,commence l'oncle, qui vit près du Lac de Grandlieu, en puisant dans ses souvenirs. C'est peut-être notre dernière grande idole. »Et David, son neveu, d'enchaîner : « Johnny, c'est d'abord la musique. Mais c'est aussi l'histoire du bonhomme, un truc émotif. »
« On s'en fout de la Suisse »
Valérie et Laurent aussi étaient dans la foule joyeuse de Paris. Ils habitent Arras. Lui, la quarantaine, a toujours été un fidèle. Elle, il l'a convertie quand ils se sont mariés. Ils n'ont pas eu à débourser 95 ou 135 €, ils ont trouvé des places à 25 € grâce à la subvention de leur comité d'entreprise. « Nous, on s'en fout de Laeticia, de la Suisse, de toutes les histoires. On est là pour la musique, le rock'n'roll français, le spectacle et la longue marche du bonhomme ».
Comme sûrement ce soir à Nantes, beaucoup assistaient au concert de Paris en se disant que c'est peut-être la dernière grande tournée. Pas de spectacle au rabais pour autant.
Sur un mur d'images bluffantes de réalisme, une immense muraille tremble sous les coups de boutoirs. Soudain, elle explose virtuellement sur au moins 40 mètres et une capsule, digne d'Alien, flotte dans les airs avant de s'ouvrir sur scène pour libérer Johnny.
Même sans être un fan inconditionnel, il y a de quoi être épaté. Sa voix est toujours à la hauteur, il fait le show jusqu'à se rouler sur scène, ses musiciens sont évidemment des cadors et le public chante à l'unisson.
Vieux lion en cuir noir
Après la démesure, l'intimité. On oublie l'orchestre symphonique et les murs de lumière, Johnny et cinq musiciens prennent place sous un petit kiosque qui tourne sur des rails en s'enfonçant dans le public. C'est là que c'est le plus fort. Quand le vieux lion en cuir noir revisite l'histoire du rock à coups d'Elvis et d'Eddie Cochran. Alors, on le croit quand il lance : « Je ne pensais pas vous revoir un jour et j'ai un public en or. »
OK, cette fois, il n'a pas complètement rempli les trois Stades de France (150 000 sur une jauge de 180 000), son dernier album avec M n'a pas vraiment marché et les habitués placent toujours les tournées de 1993 et 1998 à la meilleure place de leur Panthéon Hallyday, mais, quand même, quelle bête de scène ! Qui ne connaît pas Quelque chose de Tennessee, Ma gueule ou Marie ? Qui rassemble de telles foules populaires ?
Souvent énervant, parfois insupportable, mais inoxydable, le Johnny.[center]